Les archives municipales de Thann

par André ROHMER, Archiviste
et Président de la Société d'Histoire "Les Amis de Thann"

Les archives historiques

Elles réunissent toutes les pièces qui ont été conservées depuis la période la plus lointaine de l'histoire de Thann jusqu'à la Révolution française. Ces pièces sont vraiment la trace la plus nette des événements heureux ou malheureux vécus par les Thannois au fil des ans.

Comme chef-lieu d'une seigneurie étendue, la ville de Thann a joué un rôle important dans l'histoire du Sundgau, ce que ne manquent pas d'attester les pièces conservées aux archives. Durant des siècles ces documents avaient échappé aux vicissitudes des conflits, incendies, inondations et autres tourments destructeurs.

C'est à leur source que s'était nourri le frère Malchias TSCHAMSER pour écrire sa Chronique de Thann (des origines à 1700), ouvrage publié par les soins de la ville de Thann en 1865. Le magistrat avait toujours eu le souci de la conservation de ces pièces essentielles de son patrimoine et donc, bien qu'il y eût à l'Hôtel de ville une pièce voûtée, un caveau ou "Gewölbe", il faisait enfermer ses archives dans des coffres bardés de fer et les faisait déposer dans un caveau voûté de l'église saint Thiébaut.

Emile HERZOG qui dressa un inventaire des archives historiques de la ville écrivait à ce propos: "Le caveau de Thann semble avoir été très renommé, car, à plusieurs reprises, des municipalités même très éloignées y mettaient leurs archives et des objets de valeur à l'abri".

Et c'est vrai que le magistrat de Thann tenait à ses archives, souhait qu'elles restent comme une trace du passé pour la postérité. C'est pourquoi Gabriel SURGANT, greffier-syndic de la communauté fut chargé de rédiger un cartulaire consignant l'ensemble des chartes et privilèges accordés à la ville de Thann.

Ce travail, appelé aujourd'hui "Cartulaire de Surgant" commencé en 1483, comprend 104 documents. Ce fut une initiave bénie car une grande partie de ces documents disparurent par la suite, mais grace au cartulaire, la mémoire de l'histoire était sauve.

Après les traités de Westphalie et rattachement de l'Alsace à la France, puis la cession de la seigneurie au duc de Mazarin, il fallut revisiter les privilèges, franchises, règlements et autres droits. Ce travail ne fut achevé qu'en 1732 par le sieur Noblat de Belfort auquel le Conseil Souverain d'Alsace accorda une indemnité de 100 livres pour la copie et la traduction des principales pièces.

Avec les tribulations du début de la révolution on avait pu craindre le pire pour les archives et notamment pour tous les documents concernant les propriétés ou les litiges. Mais avec l'abolition des privilèges, ces papiers perdirent beaucoup de leur intérêt et furent ainsi sauvegardés.

Durant la première guerre mondiale, la proximité du front établi entre Vieux-Thann et Cernay, et donc les bombardement soutenus auxquels la ville fut soumise poussèrent les élus à évacuer les archives et à déposer les pièces "à l'abri" dans un sous-sol de l'usine SCHEURER.

Après la guerre on n'y pensa plus et ce n'est que deux ans après les inondations de 1920 qu'on se rendit compte du désastre provoqué par l'eau et la boue. Rapatriés à la mairie, un inventaire des pièces fut ordonné par la ville, dressé par HERZOG et publié à la veille de la seconde guerre mondiale.

Certaines de ces pièces ont d'ailleurs eu un grand mérite pour réussir à parvenir jusqu'à nous.

Un premier inventaire avait été dressé par X. MOSSMANN de Colmar après 1870, complété peu de temps après par l'abbé HANAUER. Ce travail fut publié dans la "Revue d'Alsace" de 1911 à 1913.

Le fonds historique comprends aujourd'hui 241 parchemins, 73 registres, 648 cahiers, 4372 papiers. Au nombre des documents les plus précireux outre le cartulaire de Surgant déjà cité, se trouvent les registres paroissiaux remontant à 1610, le Rathbuch, registre des délibérations du Magistrat de 1556 à 1571, "l'Eydbuch", registre des serments prêtés à Thann (1560), le "Municipal Protocoll", registre des procès-verbaux de la municipalité au début de la Révolution (1788/90), le registre des statuts et règlements de police de 1748/1767... Le parchemin le plus ancien remonte à 1344.

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