Notices de familles ( 1305 entrées )

Burgenath

Peu nombreux mais prodigieusement anciens

Certaines familles ont une histoire qui commence à une époque prodigieusement reculée. Bien entendu, nous avons tous des ancêtres au XIVe siècle, mais quand on se nomme Meyer ou Schmidt, il n'est vraiment pas possible de compter les porteurs de ces patronymes, fussent-ils des habitants de son propre petit village, parmi ses lointains aïeux... Certaines familles, en revanche, portent un nom particulier, un nom relativement unique, voire absolument unique. Il nous semble que les Burgenath, famille toujours établie à Westhalten, puissent se compter parmi ces rares lignées alsaciennes ayant la chance de trouver les traces de leur passé jusqu'au Moyen Âge.

La plus ancienne mention de la famille remonte à l'an 1396, alors que Michel Burgnougt est le prévôt de la ville de Soultz, juste après Jeckel Snewelin et avant Cuntzel Kremer, en 1398. Par la suite, la famille ne semble pas apparaître dans l'histoire de la ville. Pourtant, bien plus tard encore, le patronyme sera couramment cité dans les alentours, comme nous allons le voir.

Miraculée en 1467

Un miracle se produit en août 1466 à Sigolsheim, après la dévastation des alentours du village et son église par Jean, Wildgraf de Daun. À leur retour, les habitants de Sigolsheim, qui se sont réfugiés à Kientzheim, trouvent dans leur église, ravagée par les flammes, deux sculptures en bois de la Vierge et de l'apôtre Jean restées intactes. On les porte alors dans l'église de Kientzheim, où un grand nombre de témoins voient couler des larmes de leurs yeux ! Le comte de Lupfen fait dresser un procès verbal de ce miracle, acte notarié par lequel nous sont parvenus les noms desdits témoins. L'événement, qui sera suivi de bien d'autres miracles, comme des guérisons inexpliquées, inaugure le pèlerinage de Notre-Dame de Kientzheim. Et c'est ainsi que nous trouvons, en l'an 1467, la guérison d'une paralysie d'Elise, fille de Clawin Hornung, de Herrlisheim, et épouse de Lienhard Burckenat. On trouve ensuite des porteurs du nom à Ribeauvillé dès les premières décennies du XVIe siècle, puis d'autres, un siècle plus tard non loin de Belfort, à Réchésy.

En 1567, la famille commence à être mentionnée à Westhalten. Il est pour ainsi dire évident qu'elle a dû vivre dans les alentours, entre 1396, date de la première mention connue à ce jour, et 1567, lorsque Hans Burknat est cité à cet endroit.

On ne peut qu'avancer prudemment que Hans était le père de Blaise Burkhnat, né sans doute vers 1565 et cité à Westhalten en 1599. Blaise était probablement le père de Veltin, c'est-à-dire Valentin, cité en 1618, et de Hans Burknat, peut-être celui qui est cité comme « Frauenvogt » en 1610, et qui épouse en tout cas en 1629 Ursula Backler. Voilà les parents de Richard Burkenath qui se marie en 1658 avec la Lucernoise Catharina Höglin et exerce la profession de vigneron, à Westhalten toujours. Leur fils Peter Burgenadt épouse en 1670 une jeune femme d'Orschwihr et poursuit la même activité professionnelle, à laquelle de nombreuses générations de la famille resteront fidèles.

Mathias Burgenath est appariteur en 1768 : on conserve de lui un petit écusson en étain portant la mention de Westhalten surmontée d'une flèche posée en barre. Il est suivi dans ses fonctions par Pierre Burgenath, appariteur pendant la Révolution. Enfin, bien plus tard, Joseph Burgenath, époux de Léonie Traber, sera maire de Westhalten de 1937 à 1945.

Les alliances

Joseph Burgenath (1898-1974), viticulteur à Westhalten et maire du village, épousa en 1923 Léonie Traber (1899-1980).  

Au fil des siècles, les Burgenath se sont unis sous les noms Burgenat, Burgenadt, Burckenat... à de nombreuses familles autres familles du secteur, essentiellement de Westhalten. On compte parmi ces dernières les Walch (1668), Scherer (1669), Mosemann (1670), Bach et Sengel (1674), Humel (1681, 1688), Hueber (1695), Görig (1698), Schneider (1700), Schilling (1708), Sutter (1711), Teschler ou Dischler (1717, 1739), Frick (1718), Wirth (1726), Neringer (1727), Edinger (1735), Traber (1741), Meyer (1743), Strich (1754, 1767), Bucher (1764), Weibel (1767), Brun (1767, 1774), Klenglin (Klinklin, 1772), Nickel (1772), Bohrer (1791), Lambert (1801), Weck (1821)...

Ce n'est qu'à la toute fin du XVIIIe siècle que les registres de la paroisse permettent à nouveau de connaître la profession de quelques membres de la famille : nous y lisons ainsi que Martin est tailleur de vêtements, lorsqu'il épouse le 4 février 1772 Catharina Klenglin (Klinklin) de Soultzmatt. Tel est également le cas du veuf Joannes Burgenath, bourgeois de Westhalten âgé de 55 ans, qui se remarie en novembre 1791 avec Maria Anna Bohrer, veuve de Joseph Schatz. La profession a séduit un troisième membre de la famille, Mathias Burgenat, qui se marie à 31 ans avec la veuve Catherine Lambert, le 19 Pluviôse de l'An 9 ou, selon notre calendrier, le 8 février 1801.

Un patronyme des plus rares

Entre 1891 et 1990, seules 10 personnes nommées Burgenath sont nées en France, toutes dans le Haut-Rhin. Cela fait de ce patronyme l'un des plus rares de notre pays. En fait, la famille Burgenath ne compte qu'une seule tige, celle de feu Joseph, maire de Westhalten, de son fils Jean-Luc et son petit-fils Mikaël. Malgré son jeune âge, Mikaël Burgenath est à 24 ans bien connu dans le milieu agricole, puisqu'il a l'honneur de présider depuis un an la fédération des Jeunes Agriculteurs d'Alsace. C'est sur lui seul, à présent, que repose l'avenir de son patronyme. Quant à sa sœur Aurélie, devenue en juin dernier l'épouse de Sébastien Danner, elle s'était distinguée en 2003 en accédant au titre de Dauphine de la Reine des Vins. Au final, voilà une famille petite par le nombre mais remarquable par son ancienneté et par ce qu'elle accomplit.

Denis Dubich