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Laucher

Les Laucher : une histoire d'eau

Un potamonyme ! Par ce terme quelque peu étrange, nous allons ici à l'essentiel : c'est d'un cours d'eau (potamo-) que les Laucher alsaciens tirent leur nom (-nyme) de famille. Et ce cours d'eau est bien entendu la Lauch qui arrose toute la vallée de Guebwiller avant de gagner Colmar, en passant par Rouffach.

C'est là, justement, que l'on rencontre au XVe siècle les premières traces de la famille Laucher : dans une impressionnante liste des hommes des différentes corporations rouffachoises, il est en effet possible de relever dès 1425 les noms de Heintz et de Jöselin Loucher, ce dernier représentant alors les aubergistes. Que le patronyme soit écrit avec un -ou- au lieu de l'actuel -au- est sans incidence. La Lauch elle-même est nommée « Locha » en 1371, « Louche » en 1440, « Louch » en 1504.

À Soultz et à Guebwiller

Dans ces deux villes, les Laucher se comptent parmi les plus anciennes lignées toujours existantes. Dès 1517 environ, Hans Laucher est cité à Soultz, suivi en 1536 de Claus Loucher, apparaissant dans un terrier de l'Ordre de Malte comme héritier de terres provenant de Peter Loucher. Rappelons que la Commanderie de Saint-Jean (l'actuelle la Nef des Jouets) prêtait jadis des terres aux paysans qui, en échange, devaient lui verser un cens. C'est ainsi, souvent, que nous sont parvenues les traces les plus antiques de nos ancêtres, car ces cens étaient consignés avec soin dans des registres terriers dont certains existent toujours.

Par la suite, nous trouvons d'autres membres de la famille, par exemple Diebolt Loucher, en 1538. Et lorsque débutent les registres de la paroisse Saint-Maurice de Soultz, à la fin du XVIe siècle, la famille ne manque pas d'y figurer dès les premières années.

Une famille Laucher de Soultz, au début du XXe siècle (collection Marie-Madeleine Ebersol, née Laucher).  

Au XVIe siècle, les familles déjà présentes à Soultz se nommaient Zipfel, Hennigat ou Heinriatt (les Herrgott ultérieurs), Hagenbach, Schlitzweg, Bruntz, Spielmann, Bisantz, Burnhus, Schneiderlin, Gluck, Ebelin, Oberlin, Mantz, Möglin, Munwiller, Landsberg, Wagner, Epstein... Si certaines d'entre elles existent toujours, d'autres, comme les Dürrkopf, Dubenkopff, Wattwiller, Wenderpfaff, Quatterbach, Eberwein, Grundbach, Sibenkint ou Schwarzwaldt ne semblent plus avoir de descendants. À Guebwiller vivaient à la même époque des Landwerlin, Pfaffenzeller, Saltzmann, Hosenmacher, Brenneisen, Hüglin, Spenhauer, Strassburger, Kreyenriet et Kaltenbach, notamment. Qui sait auxquelles de ces familles les Laucher pouvaient bien être apparentés ?

Un legs dès 1522 et quelques menus larcins

Dans une lettre datée du 8 décembre 1522, un certain Heinrich Laucher exprime son désir de voir les effets de sa fille Susanna, récemment décédée, transférés au couvent bâlois de Gnadental. La lettre est adressée aux responsables du couvent de Sainte-Claire de Mulhouse et aux soignants qui se sont occupés avec bienveillance de Susanna. Les effets en question se composent de sa literie, des couvertures et de tout ce qui va avec un lit. On sait la grande valeur marchande d'une literie, à cette époque, et l'on comprendra donc fort bien l'importance de la démarche généreuse de ce père en peine.

À Guebwiller, deux Laucher écopent d'une petite amende en 1573 : il s'agit alors de Bastian et d'Ulrich, qui a vendu du blé sans permission. Vingt ans plus tard, donc en 1593, Bastian Laucher a une nouvelle fois maille à partir avec la justice de sa ville, puisqu'il est condamné pour avoir bu du vin dans la cave de Hanns Etter et avoir, ensuite, ... dénigré ce vin auprès des voituriers !

Les Laucher arborent un cygne sur leurs armes qui se lisent « d'azur à un cygne d'argent » (dessin de Denis Dubich).  

Maître-chirurgien à Strasbourg, le très vertueux Christian Laucher porte vers 1690 un blason se lisant « d'azur à un cygne d'argent ». Christian fait partie des personnalités de premier plan de cette famille dont nous ne pouvons ici qu'effleurer l'histoire en citant les mentions les plus anciennes que nous en avons retrouvées.

Nous parlons de l'histoire de la famille Laucher de façon beaucoup plus détaillée dans notre livre « Nos vieilles familles » publié à l'automne 2006 par l'Association des Amis du CDHF et qui reprend, dans des versions plus étoffées et plus illustrées, nos notices parues ces derniers mois dans le quotidien « L'Alsace ». Les Laucher y ont donc la place qu'ils méritent, maintenant qu'un peu d'eau a coulé dans le lit de la rivière au bord de laquelle vivait leur ancêtre et qui lui a donné son nom.

Denis Dubich