Ce nom de famille est assez fréquent. Il provient soit du roi qui était élu dans les corporations, les sociétés de tir ou lors des pélerinages, soit du surnom donné aux paysans qui exploitaient des terres royales.

En Haute-Alsace, ce nom est très ancien et un certain Clowin KÖNIG est attesté à Winkel en 1393.

Les armoiries de Jean Koenich, prévôt à Froeningen

Un siècle auparavant déjà, alors que les patronymes commencent seulement à se mettre en place, GASSER relève le nom sous la forme REX.

Il cite, dans son Livre d'Or de Soultz, Jean REX de Raedersheim en 1271.

En 1573 vivait à Obermorschwiller Hans KHUNIG.

A la même époque, nous connaissons Bernhart KÖNIG de Rixheim, Caspar et Hans K. d'Eschentzwiller, Hans K. de Steinbrunn-le-Haut et Jerg K. de Mulhouse.

La branche de Mulhouse a donné naissance à David KOENIG, auteur d'une intéressante chronique familiale étudiée par Ph. MIEG.

Mais avant de pousser plus en avant l'étude de cette famille, il convient de distinguer entre les KÖNIG au nom germanique et ceux dont le nom d'origine (ROY) a été traduit au contact de la population locale.

Une famille K. de Galfingue fera souche à Balschwiller au XVIIIè siècle (travaux de Maurice FINCK).

En avril 1746, Sébastien KÖNIG de "via nova" (La Chaussée) épousera Seconde BURY de Stein-am-Rhein (registres paroissiaux de Bartenheim).

En 1686, Georges KOENIG, de Sundhoffen près Colmar, épouse à Lucelle une fille de St-Blastien en Forêt-Noire (relevé de François KÖNIG et Anna MEYER).

Ce couple, qui habitait Oberdorf, était originaire du canton de Lucerne.

L'époux venait de Altishofen et son épouse de Dagmersellen.

Les registres paroissiaux de Grentzingen, dont dépendait le village d'Oberdorf, contiennent également le baptême en 1690 de Nicolas KÖNIG, fils d'immigrés suisses.

C'est à Wittersdorf (photo) et à Obermorschwiller que les Koenig étaient les plus nombreux fin XVIIè - début XVIIIè siècles

Le père Jean K. venait de Sainte-Croix et la mère, Elisabeth KRITTER, de Ruswil.

A la fin du XVIIè siècle, Jean KOENICH, maire du village de Froeningen, se vit attribuer des armoiries par l'administration centrale.

Il portait "d'azur à deux clefs d'argent passées en sauttoir, les pannetons en haut, tournés en dedans, accompagnés en chef d'une couronne d'or en pointe d'un coeur de même" (Armorial de la Généralité d'Alsace).

Son fils, Jean-Jacques, épousera une SCHLIENGER de Hochstatt.

Sa fille, Elisabeth, se mariera en 1701 à Illfurth avec le veuf Laurent WOLF.

En 1783, Ignace K. sera parrain d'une cloche à Froeningen.

En 1784, Jean K. de Froeningen épousera à Dornach une SIGRIST qui lui donnera de nombreux enfants.

Mais les familles KOENIG les plus nombreuses habitaient Obermorschwiller et Wittersdorf.

Cette famille est ancienne et déjà présente au village au cours du XVIè siècle.

En 1798, lors du dénombrement de la seigneurie d'Altkirch, les KOENIG forment trois familles (celle de Meinrad, de Sixte et de Jacques).

On trouve déjà en 1714 des mariages KOENIG-KOENIG à Obermorschwiller, preuve de l'importance et de l'ancienneté des différentes branches (mariage du veuf Hans Jacob K., bourgeois du village, avec Anna Maria K., fille de Sixte K., bourgeois du même village).

En 1706, la famille de Morand K. d'Obermorschwiller fondera par son mariage avec une GRUENENBERGER, la branche de Heiwiller.

La famille de Heidwiller était toujours prospère au siècle dernier et Morand K. demandera en 1853 son passeport pour émigrer à New-York.

Wittersdorf est le siège d'une ancienne famille KOENIG qui donnera naissance à la branche d'Altkirch, de laquelle sera issu le général KOENIG.

Tout commence avec Adam KÖNIG, bourgeois de Wittersdorf, qui aura deux fils: Martin et Hans.

Le général Koenig, descendant d'un Koenig d'Altkirch

Martin épousera une BIGENWALD vers 1683 et rédigera son testament le 29 mai 1704.

Son frère, Hans, épousera une fille FLESCH d'Illfurth.

En 1685, c'est au tour de Jacques KOENIG de se marier à Altkirch avec une PFENNINGER.

Ce Jacques est sans doute frère des précédents. Il sera père de Jean-Jacques, grand-père d'Antoine et arrière-grand-père de Sébastien né en 1811 à Altkirch.

Ce Sébastien se mariera à Luxeuil en 1835 et sera le grand-père du célèbre général KOENIG.

Né à Caen en 1896, le "héros de Bir Hakeim" sera général en chef des FFA (tableau généalogique réalisé par le notaire WITTMER de Strasbourg).

Notons également qu'un Jean Adam KÖNIG, originaire de Wittersdorf, ira s'unir en 1700 à Gueberschwihr à la veuve de Caspar EICHHOLZER.

Ancienne famille de Savoie, les ROY alias RAY et ROGG ont fait partie de ces nombreuses familles de colporteurs saisonniers savoyards allant "trafiquer en Allemagne" (Alsace, Suisse, Allemagne) pour y vendre leurs produits de mercerie et raccommoder les chaudrons.

Ce phénomène a été très bien décrit dans l'excellent ouvrage de Chantal et Gilbert MAISTRE "L'émigration marchande savoyarde aux XVIIè et XVIIIè siècles".

Acte de mariage où le nom Roy et sa trduction populaire Koenig (König) se côtoient dans les signatures

Les petites villes de Haute-Alsace ont attiré nombre de ces colporteurs qui, souvent, se sont sédentarisés à la seconde génération.

Leur nom de famille a été soit traduit, soit altéré. Les ROY en sont un bon exemple: si, dans les rares actes rédigés en Français, ils conservent leur nom d'origine, dans tous les actes notariés rédigés en Allemand il sont désignés sous le nom de KÖNIG.

C'est d'ailleurs cette forme qui passera à la descendance.

En 1705 et 1706, les frères Jean, François et Jacques ROY de Nancy-sur-Cleses règleront le partage des biens de leurs défunts parents.

Si Jacques habite toujours à Nancy-sur-Cluses et Jean un autre village de Savoie, François réside à Ferette puis à Landser.

A Altkirch, Margaretha ZURBACH épousa dès 1674 Frantz Clade ROY de Salanche.

En 1696, c'est au tour d'Anastasie ZURBACH d'épouser Claden Peter ROGG, de Magland.

Les registres paroissiaux d'Altkirch sont parlants quant à ce changement de nom.

En effet, en 1784, Françoise "ROY" épouse un PONCELLE. Si le curé indique encore "ROY" comme nom de l'épouse, cette dernière signe déjà "KÖNIG" alors que son père met les initiales J.R. (Joannes ROY).

Autre cas en 1784, lors du mariage du veuf Jacob KÖNIG avec Magdalena BASSLER.. Le curé indique bien "KÖNIG" comme nom de l'époux, mais ce dernier signe avec ses initiales J.R. (Jacob ROY !).

Ce problème de l'assimilation des noms de traduction se retrouvera pour d'autres familles à Altkirch que nous aurons l'occasion d'étudier ici.