On pourrait penser que les HERRGOTT ont un lien étymologique avec le Bon Dieu. Mais pour ceux de Guebwiller, il n'en est rien puisque leur nom provient du prénom Henri.

Bien que le nom HERRGOTT soit attesté dès le XIIIè siècle à Francfort et au XIVè siècle à Nuremberg et Prague, ces souches sont sans rapport avec la famille qui nous intéresse aujourd'hui.

En premier lieu, nous évoquerons les HERRGOTT de Guebwiller. Ceux de Lautenbach ayant une autre origine, feront l'objet de la prochaine notice.

La ville de Guebwiller a la chance de posséder, parmi ses nombreuses archives, les registres de la taille (impôts) du XVIè siècle. Ils débutent en 1523 et, dans le premier registre, pas moins de huit chefs de famille HEINRIATT et HERIAT sont cités, ce qui prouve l'ancienneté du nom à Guebwiller.

En 1549, dans le registre de cens de Guebwiller, est mentionné Conrad Heinriat. Le nom deviendra Herrgott par la suite.

L'intérêt de ces registres, qui se suivent régulièrement toutes les décennies, est de pouvoir étudier la progression du nom.

En effet, de HEINRIAT en 1523, le nom glisse vers HENRIOT (1546), HEIRGOT (1560), pour arriver à HERRGOTT en 1580. Mais le nom ne se stabilisera que dans la seconde moitié du XVIIè siècle en HERRGOTT et HERRGOTH. Nous trouvons encore, avant cette période, les formes HEURIGOTH, HEYRIOTH, HEURIOTH, HEYRIATH, etc.

Un ancien registre de cens, revenant à l'hôpital de Guebwiller, a été découvert récemment à Guebwiller. Rédigé en 1549, il comporte de nombreuses additions et corrections. On y trouve par exemple, la mention d'un cens de cinq sous que devait payer annuellement Cunrat HEINRIAT, le jour de la Saint-Martin, pour des vignes qu'il possédait à Guebwiller.

M. Pierre HERRGOTT, de Meudon, a publié une étude sur ses ancêtres potiers d'étain à Guebwiller (dans "l'Annuaire de la Société d'Histoire de Thann-Guebwiller" 1985-1987).

Dès 1538, des HERIOT sont potiers d'étain à Guebwiller, et certains ont laissé trace de leurs oeuvres grâce à un poinçon individuel (des pièces sont conservées au musée du Florival à Guebwiller). De cette importante famille, pour laquelle Pierre HERRGOTT a effectué l'analyse généalogique, est issu François Joseph HERRGOTT, professeur à la Faculté de Médecine de Strasbourg au XIXè siècle.

Les HERRGOTT, de par leurs différentes branches, ont également exercé la profession de tailleur d'habits, de sellier et de maréchal-ferrant, de vigneron et de tonnelier. Certains ont été chefs des diverses corporations que comptait la ville et membres du magistrat (conseil municipal).

Citons par exemple Jean-Jacques, fils de Rodolphe, qui avait épousé en 1678 dans la chapelle du Schaefferthal Anne-Marie RICH. Il fut tonnelier et possédait sa maison sur la place du Vieux Marché à Guebwiller.

Citons également Jean, époux d'Agathe ETTER, qui fut receveur de l'hôpital de la ville et tailleur d'habits. Il décéda, frappé d'apoplexie, en mars 1674.

Enfin, mentionnons un autre Jean, fils de Guillaume, qui avait épousé en 1666 à Guebwiller Marguerite HIGELIN. Conseiller de la ville et chef de corporation, Jean eut de nombreux enfants dont les filles qui s'allièrent aux BECK de Hartmannswiller et HALM de Wattwiller.

Au lendemain de la guerre de Trente Ans, un état des habitants de Guebwiller fut rédigé. Il comporte, par corporations, les chefs de famille ainsi que les veuves. Ce document a été dépouillé par M^me Margot RICHERT de Steinbach et publié par la section de Mulhouse du Cercle Généalogique d'Alsace.

La ville comportait alors cinq corporations: celle des forgerons, des tailleurs (avec Jean HERRGOTT), des boulangers et les deux corporations des vignerons. Ces deux dernières comprenaient d'une part les vignerons de la ville basse et moyenne et d'autre part ceux de la ville haute. Dans la ville basse et moyenne sont cités Albrecht et Guillaume HERRGOTT alors que dans la ville haute figure Frédéric HERRGOTT.

La famille HERRGOTT s'est répartie de Guebwiller aux alentours. Nous trouvons une ancienne souche dans la vallée de Saint-Amarin, qui était alors sous la domination de Murbach. Cette famille, qui descend de Nicolas HERRGOTT né vers 1580, a fait l'objet d'une notice parue dans "l'Alsace" de Thann en avril 1990.

Un très important travail a également été réalisé sur cette souche par Pierre SIMON de Mulhouse. A Uffholtz, Balthazard HERRGOTT était tenancier des bains municipaux en 1619, année ou son fils Urbain épouse Madeleine GIBERT de Heimsbrunn.

En 1674, Jean, fils de Georges HERRGOTT d'Uffholtz, décède à Traubach-le-bas. Une autre famille HERRGOTT vivait au XVIIè siècle à Cernay. Dès 1708, une branche HERRGOTT de Guebwiller s'installe à Dornach près de Mulhouse où elle fit souche.

Un fils de la famille HERRGOTT de Guebwiller s'illustra en Allemagne. Il s'agit de Jean-Jacques HERRGOTT, fils de Jacques, né à Guebwiller, qui épousa en 1692 en la cathédrale de Fribourg Marie Elisabeth BRENZINGER, veuve d'un chirurgien. Les armoiries de Jean-Jacques sont conservées aux Archives de Fribourg.

Son fils Marquard fit bénédiction à Saint-Blaise en Forêt Noire. Il possédait des armoiries identiques à celles de son père et publia, en 1737, un volumineux travail sur la famille de Habsbourg (renseignements dus à l'obligeance de M. Horst HERGOTT de Dingolfing en Allemagne).